Le tribunal correctionnel de Marseille a condamné l’ex fondateur et gérant de la société Poly-Implant Prothèse (PIP) à quatre ans de prison ferme pour « tromperie sur la qualité substantielle du produit et escroquerie». Il devra verser une amende 75 000 euros et indemniser jusqu’à 5 000 victimes.
C’est ce mardi à Marseille que se jouait l’épilogue de l’affaire Jean-Claude Mas, « l’apprenti sorcier des prothèses » comme l’a surnommé le procureur au cours de ce procès fleuve où 300 femmes étaient présentes, en quête d’une reconnaissance matérielle et surtout morale.
Jean-Claude Mas, 74 ans, fondateur de la société Poly-Implant Prothèse (PIP) à la Seyne-sur-Mer (Var) était poursuivi pour « tromperie et escroquerie » : pendant plusieurs années, il avait commercialisé des prothèses mammaires conçues avec un gel industriel dangereux pour la santé, mais moins cher que le gel réglementaire Nusil à usage médical. Un subterfuge qui lui a permis d’économiser un million d’euros par an.
Jean-Claude Mas fait appel
Lorsque la fraude a été découverte, l’angoisse et la panique se sont emparées de nombreuses femmes qui, pour des raisons esthétiques ou chirurgicales (suite à l’ablation d’un sein) s’étaient faits poser ces prothèses d’autant plus dangereuses que le produit toxique qu’elles contenaient les exposait à un risque élevé de ruptures et de fuites. Près de 8 000 cas de ce genre ont été signalés, 3 000 ayant donné lieu à des « réactions inflammatoires ». A ce jour, 17 000 femmes ont préventivement dû se faire retirer leurs implants PIP.
Reconnu coupable des faits, Jean-Claude Mas a été condamné à quatre ans de prison ferme mais, son avocat ayant fait appel, la date de son incarcération pourrait être repoussée jusqu’à la décision de seconde instance. Il devra verse une amende de 75 000 euros et dédommager chacune des victimes « reconnues » à hauteur de plusieurs milliers d’euros (elles sont près de 5 000).
Quatre de ses collègues ont également été condamnés : l’ancien directeur général puis président du directoire de PIP Claude Couty, a écopé de trois ans de prison dont deux assorties du sursis, avec une amende 30.000 euros. Hannelore Font, directrice de la qualité, et Loïc Gossart, en charge de la production, se sont vus infligés un an de prison ferme et le responsable de la R&D, Thierry Brinon 18 mois avec sursis.