Comme en 1984, le stade Vélodrome a été le théâtre d’une demi-finale épique.
Comment perdre une demi-finale d’Euro à Marseille ? En 1984, les Bleus, vainqueurs sur le fil du Portugal au stade Vélodrome (3-2 en prolongation), disaient avoir été, ce soir-là, traversés par des sensations uniques et portés par une force démultiplicatrice combinant survoltage et charges électrostatiques. Incroyable baume sublimant qui leur avait donné les jambes pour aller s’arracher devant la cage du gardien lusitianien Manuel Galrinho Bento. Au moment où, en toute fin de match, Michel Platini marquait le troisième but décisif, son coéquipier Bruno Bellone, un autre attaquant tricolore propulsé par le sélectionneur Michel Hidalgo sur le terrain à la 104ème minute, affirme encore avoir, à cet instant d’extase, eu l’impression étrange et contradictoire que le stade marseillais « s’effondrait » en même temps qu’il s’élevait.
Chants héroïques
A l’époque, le Vélodrome à ciel ouvert et balayé par le Mistral pouvait contenir, dans sa jauge maximale – d’ailleurs atteinte lors de ce mythique France-Portugal – jusqu’à 54 000 spectateurs, une capacité réduite à 42 000 en 1985 après la construction de loges. Ils étaient 64 000 supporters, dont 40 000 français, à faire vibrer, jeudi soir, les tribunes rénovées du stade pour ce France-Allemagne 2016, désormais inscrit dans les mémoires. La Marseillaise, scandée après le Deuschlandlied, a semblé monter des profondeurs de la Terre et le premier quart d’heure du match a été écrasé par un assourdissement de gorges à l’unisson. A l’image de ces bleus qui sont allés puiser au plus fort de leurs ressources physiques et mentales pour résister aux assauts ininterrompus de la Mannshaft : « A chaque fois qu’on avait le ballon, on était poussé de l’avant par tout le stade », a salué l’attaquant Griezmann, auteur du doublé victorieux (2-0).
Comme en 1998 et 1984, c’est à Paris que l’Equipe de France ira disputer sa finale, dimanche prochain. Contre…le Portugal de Cristiano Ronaldo.
Jérôme ALBERT